Notes de visionnage : Mémoire d’un saccage - Argentine, le hold-up du siècle, Fernando Solanas, 2004

, par attac92clamart

 

 
Comme il est toujours nécessaire de faire un peu d’histoire, sans se tromper dans les analogies, le cas particulier de l’Argentine participe des cas possibles de pays endettés, à qui l’on a créé une dette, comme outils d’enrichissement de certains et par conséquent d’appauvrissement de tous ceux à qui il a bien fallu prendre et l’argent et les reesources. Et parfois leur vie, via la dénutrition des jeunes enfants, comme le montre Fernando Solanas à la fin de son film.
 
Qu’a t’il été fait à l’Argentine ces dernières décennies ?
Qu’est ce que nous enseigne sur les rapports de la dette avec la démocratie ?
Retour sur un documentaire devenu un classique : 
 
affiche du film Mémoire d'un saccage
 
Mémoire d’un saccage - Argentine, le hold-up du siècle, Fernando Solanas, 2004, DVD, 115 minutes
 
notes de visionnage - Eric COLAS, ATTAC 92 Clamart
 
Le chapitrage est celui du film, les notes, les éléments prégnants
 
 
Retour sur ce qui s’est passé pendant 25 ans : reprise des souvenis et de la mémoire.
 
Introduction
L’argentine, un pays pauvre ?
Le non changement de politique économique par les urnes
En 2001, c’est l’état de siège, le 19 décembre 2001, alors que la dictature est finie.
L’Argentine est une terre riche, dont les capitaux ont fuits.
La dette extérieur sert à enrichir les riches argentins qui font sortir l’argent du pays.
 
1/ la dette éternelle
1973, année de l’échec américain au Vietnam. Les petrodollars innondent le monde, c’est le début de la dette odieuse des pays du tiers-monde. Les taux d’intérêt passent de 3% en 1973 à 16% en 1981. 
La dette a été créée par la dictature, elle est, à son début, autant privée que publique et l’État reprendra à son compte la partie privée, que tous payeront.
Les banques bloquent l’argent et l’État défend les banques voleuses. Les économies des épargants sont bloquées et les banques font défaut / faillite. Leurs maisons mères en occident refusent d’éponger ces dettes, elles n’assurent / n’assumment pas l’endettement de leur holding et gardent l’argent des argentins pour ne pas sombrer.
La dette extérieure est illégitime au regard de la pauvreté de la population.
La classe politique met la démocratie en panne en refusant toute discussion au parlement et de prendre l’avis de la population. La dette passera de 45 milliards de dollars à 130 en 10 ans (les chiffres donnés dans le film sont indiqués comme provenant de sources officielles).
L’arnaque de la dette : le système privé a une dette et c’est le peuple, le public, à qui l’on demande de rembourser, c’est une nationalisation de la dette privée et la poursuite de la dette odieuse.
 
2/ la trahison 
En 1984, l’Argentine est dans une économie de guerre ; en 1989, c’est Menem, un néo-libéral, qui est élu président.
"Éloge de la trahison", livre français : les politiques ne peuvent que trahir : ils gagnent les élections, puis trahissent, idem pour ceux qui sont dans l’opposition.
La désindustrialisation amène aussi les syndicats à trahir la population. La justice entérine toutes les actions.
 
3/ la dégradation républicaine
On assiste alors à une nouvelle réforme de l’état par privatisation des services publics, c’est le saccage des biens de l’état (pétrole et gaz), votée grace à l’abstention de l’opposition, obtenue par la corruption. Le budget national est d’abord approuvé par les États-Unis, avant d’être voté à Buenos Aires.
 
4/ le modèle économique
La conversion pesos - dollar implique la faillite du petit commerce et de l’industrie, ce qui déséquilibre la balance commerciale. C’est la dette contre les entreprises, et pour les USA.
 
5/ les privatisations
Rien de ce qui est à l’état ne restera à l’état.
On assiste à une rentabilité à 15% des entreprises ex-services publics privatisés et non 5% dans les autres pays, obtenue par les licenciements et l’endettement. Les services publics ont été privatisés et vendus à des entreprises majoritairement espagnoales et françaises (France Telecom, Vivendi, Suez, …) qui n’ont pas fait l’entretien ni les travaux prévus dans les contrats. Ces privatisations avaient pour but de stopper l’allocation de subventions qui endette l’état ; mais ces subventions continueront après la privatisation. La peur fait accepter toutes les conditions de travail.
 
6/ la liquidation du pétrole
Aucun pays n’a vendu son pétrole sans perdre de guerre, sauf l’Argentine. YPF maintient les prix bas quand le pétrole augmente, en fonction des coûts et non du marché. En 1996, le bloquage est victorieux et fait céder YPF.
 
7/ corporatisme et mafiocratie
La justice est inféodée.
En 1995, Menem est élu pour un second mandat.
 
8/ mafiocratie
C’est l’heure du blanchiment de l’argent par les paradis fiscaux. Classe politique, narco-traffiquants, banques étangères, entreprises de service-public privatisées : où est l’argent qu’ils ont volé ? 
Après Menem, ça continue pareillement : de pire en pire.
 
9/ génocide social
Dénutrition, sous-alimentation : c’est le génocide néo-libéal des années 90, par la mortalité prématurée.
La dénutrition est une maladie socio-économique qui se soigne en mettant tout le monde au travail.
Les dettes privées et publiques sont passées de 7,8 milliards de dollar à 180 milliards en un quart de siècle.
Après la dictature de Menem, place à de la Rua, qui ne change rien.
Il reste la révolte sociale. 
Et aussi celle des mères d’enfants disparus, volés.
 
19/12 : le jour où ça change.
Le 20/12/01 : c’est l’insurrection populaire, suivie de la démission de la Rua.
Victoire contre la mondialisation !
Kirchner est élu.
 
 
 
 
Fernando Solanas, le réalisateur

Voir en ligne : article du Monde Diplo à consulter